Finalistes – Prix Picto de la Mode 2025 : Théophile Parat
À travers sa série « Fashion Polarama », Théophile Parat dresse un portrait sensible de celles et ceux qui œuvrent en coulisses lors des shootings de mode. Techniciens, stylistes, maquilleurs : des figures souvent invisibles qu’il met en lumière. Théophile Parat adopte une approche expérimentale et artisanale de la photographie. En détournant les procédés analogiques — notamment l’émulsion de polaroids sur verre — il crée des images uniques, fragiles et non reproductibles. Entre hommage et critique, son travail propose un contrechamp poétique à l’univers de la mode, invitant à réinterpréter la fabrique collective de l’image.
Biographie
Né en 1995, la pratique artistique de Théophile Parat s’est ouverte par une désertion. Diplômé d’un master d’économie en 2018, la bifurcation vers l’art s’est imposée, avec le temps, comme une évidence. Dans cette brèche où il s’est pleinement engouffré après le confinement, les années ont donné intensité et relief à son parcours. Finançant sa pratique en toute autonomie grâce à un travail d’assistant lumière au service de photographes de mode, il n’a cessé de glaner inspiration et méthodes alternatives en suivant des workshops ou des cours du soir, notamment auprès de la mairie de Paris ou d’artistes photographes.
En accord avec ses valeurs et à rebours de l’industrie de la mode dont il tire ses moyens de subsistance, sa curiosité l’a poussé vers des formes photographiques expérimentales, physiques, plastiques et artisanales. La sérendipité et l’émerveillement qu’elle invoque lui apparaissent comme des éléments incontournables de sa manière de travailler. La photographie analogique est à ce titre un pilier de ses différents processus créatifs. Les processus instantanés et leurs manipulations, le tirage, l’utilisation de consommables périmés et l’interprétation numérique sont autant de moyens qu’il privilégie pour se constituer en tant qu’« artiste-artisan ».
Au fil de ses expérimentations et de ses expositions, ces six dernières années, il a élaboré une grammaire visuelle où la technique est étroitement liée à l’écriture de ses sujets. Ses photographies visent à les singulariser en leur insufflant une forme de vie fantasmée. Il lui est grisant de faire matière du réel, de le détourner pour en distordre la perception, autant pour suggérer que pour émerveiller, dans une démarche à la fois documentaire et conceptuelle.
Fashion Polarama
« Fashion Polarama » est né du besoin de montrer celles et ceux qui, comme Théophile Parat, se trouvent lors des shootings derrière les écrans, les caméras, les portants, les flashs, les décors ou les mannequins. Il s’agit pour lui de reconstituer, à son échelle, un inventaire de ces personnes rencontrées au fil des shootings, ainsi que des professions qui œuvrent au service de la mode et de son image, bien souvent sans recevoir de crédit.
Sa démarche est également animée par le besoin de prendre du recul vis-à-vis de cet univers ambivalent — à la fois chatoyant, volatil et consumériste — qui fournit à la fois ressources et inspiration à son travail artistique, tout en suscitant en lui, au fil des années, une sensation de dépendance et de « certaine fuite ».
Développer une archive visuelle de ce microcosme, en mettant en avant les participants plutôt que leur création collective, à travers des montages de polaroids émulsionnés sur verre, lui permet d’exprimer cette tension entre estime et contestation. D’une part, il reconnaît cet univers dont il fait partie, au moyen de portraits et de quelques « scènes » de shooting ; d’autre part, il le conteste en créant hors de toute logique productive et marchande, en pratiquant un artisanat photographique à échelle humaine, détourné de l’instantané, produisant lentement des images uniques, fragiles et non reproductibles.
C’est une démarche inspirée par la photographie plasticienne, qui défend l’émerveillement et invite à une réinterprétation du réel.
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