Lauréate Grand Prix – Prix Picto de la Mode 2023 : Annabelle Foucher
Annabelle Foucher a passé son enfance au milieu des paysages parfois monotones des Hauts de France. De ces paysages, elle a gardé l’empreinte, de cette lumière crue qui tombe au milieu du ciel nu, dépouillé de reliefs. Là où les images veulent sublimer, elle veut avant tout révéler; montrer la pureté des choses les plus organiques, la volupté du quotidien. Dans un environnement loin des artifices, elle rend justice à des accessoires du quotidien, les transformant en artefacts. Pour elle, la beauté est d’abord ordinaire; elle sait que la singularité de chaque chose peut éclater, pour peu qu’on veuille d’abord la regarder attentivement.
« Empreinte »
La pudeur n’est peut-être qu’un prétexte pour cacher ce que nous ne pouvons plus corriger. Devant la psyché, sont scrutés chaque marque, chaque pli, chaque cicatrice, puis la mesure du temps passé, de ces habitudes qui ont criblé tout notre corps, est prise. Se rendre compte que parmi cette myriade d’imperfections, certaines auraient pu êtres endiguées, bien que d’autres soient apparues presque comme par magie. Et qu’aujourd’hui nous sommes face à la dernière version d’une constellation de souvenirs, empreintes de ce qui a été et de ce que nous sommes.
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« Distanciation Sociale »
Il n’y a pas de mesure exacte pour doser le vide si ce n’est à l’aune de nos sentiments. Trop proche, l’air se charge de rancœur envers cet autre qui nous étouffe. Trop lointain, le lien qui nous unit se déforme, jusqu’au déchirement. Nous n’aimons pas le silence, mais voulons choisir notre bruit. Utilisons des technologies pour faire rempart à la présence physique de l’autre, qui nous écœure. Puis, nous nous sentons seul, et nous nous connectons pour choisir notre prochain partenaire. L’autre ne s’impose plus à nous, maîtres de nous-mêmes qui avons le luxe de feuilleter d’interminables catalogues: musiques, films, fantasmes, connaissances. Nous ne voulons plus subir, mais choisir, tout, tout le temps. Nous ne voulons plus juger sans avoir d’abord jaugé. Les informations s’écrasent comme des vagues sur une plage déserte. C’est finalement ce flot continu qui emporte les rires des autres loin de nous, trop occupé que nous sommes à scruter le monde au travers de fenêtres minuscules.
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