Finalistes – Prix Picto de la Mode 2025 : Anna Leonte Loron
Anna Leonte Loron est une photographe et artiste visuelle. Après une expérience dans la publicité et le design, elle s’est tournée vers la photographie, attirée par sa capacité à raconter des histoires simples et authentiques. Son travail est marqué par une recherche de vérité et de sensibilité, capturant des moments quotidiens souvent invisibles ou ignorés. Dans sa série « Les femmes ont faim », Anna Leonte Loron remet en question les stéréotypes autour des femme et de la nourriture. Elle capture des femmes mangeant pour leur propre plaisir, loin des pressions sociales. À travers des images minimalistes et sensuelles, elle invite à une nouvelle vision de l’acte de manger, célébrant l’intime et le droit à une relation saine avec le corps et le plaisir.
Biographie
Après plusieurs années en agence de publicité et de design, où elle a pu s’épanouir un temps en tant que planneuse stratégique, dans le fait de jouer avec les mots et les images, c’est dans la photographie qu’elle s’est véritablement retrouvée. Pour sa dimension esthétique. Et sa force de narration. Ce qui l’anime par-dessus tout, c’est de raconter des histoires. Des histoires en images et en mots. Des histoires simples. Dans ce qu’elles montrent, autant que dans ce qu’elles racontent. Parce que la simplicité exige le vrai. Des histoires intimes. Parce que l’intime raconté de façon simple, de façon vraie, peut trouver un écho quelque part. Il peut devenir universel. Il peut nous rapprocher. Au point de ne laisser personne dans le noir. Son œil s’arrête souvent sur ce qu’on considère comme un détail. Des détails du quotidien ou de la vie, sur lesquels on s’arrête peu ou pas, par manque de temps ou par pudeur. Ils sont pourtant capables d’éveiller nos sens, de réveiller un souvenir ou de susciter une émotion. C’est ce qui leur donne selon elle cette sensualité. Cette sensualité capable de nous toucher. Argentique en mains, elle la fige alors. Elle la fige pour la partager.
Les femmes ont faim
« manger et faire à manger
sont pour moi sources de plaisir.
il y a pourtant eu ces privations immenses
et la satisfaction de se voir réduire.
il y a eu les craquages à s’en déchirer le ventre.
et les sévères retours à l’ordre.
‘il y a eu’ mais de ces boucles répétées, il reste des traces.
qui ne disparaîtront certainement jamais. c’est comme ça.
la tristesse, c’est de voir tant de femmes autour de moi
reproduire des comportements que je connais que trop bien.
jusqu’à ma propre petite sœur.
mon cœur et mes deux poings se sont serrés en la voyant ce jour-là.
pour elle aussi, il était peut-être déjà trop tard.
et si nous échouons à ce que nos sœurs aient avec la nourriture
une relation de l’ordre du simple besoin ou du pur plaisir,
qu’en sera-t-il de nos filles ?
fermer mes yeux sur ce sujet m’est devenu impossible.
dans « Mangeuses », Lauren Malka explique comment nous en sommes arrivé·e·s là. et à quel point les images ont leur part de responsabilité. dans l’imagerie collective, les femmes sont en cuisine ou au service, mais ne mangent pas. celles qu’on voit manger respectent les codes de la ‘féminité’ en se satisfaisant d’une feuille de salade, ou basculent dans un genre pornographique en dévorant un plat de spaghettis. elles mangent pour le plaisir de celui qui les regarde. en tant que photographe, femme, grande sœur, mère peut-être un jour, j’ai voulu faire des images de femmes qui mangent. seules ou entre sœurs. mais toujours pour leur propre plaisir. »
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