Carte blanche Étudiants 2020

Les lauréat·es de la Carte Blanche Étudiants 2020 :

Kinscő Bede
« Three colors I know in this world »
Moholy-Nagy University of Art and Design, Budapest – Hongrie

Matthieu Croizier
« Everything goes dark a little further down »
Ecole Cantonale d’Art de Lausanne – Suisse

Rosie Dale
« Ad astra »
University of the West of England, Bristol – UK

Victoire Inchauspé & Emma Passera
« Z.i. des dunes »
ENSBA – ENSAD, Paris – France

Exposition/projection grand-format à Paris Gare du Nord jusqu’au 15 décembre 2020.

KINSCŐ BEDE

Le titre de mon projet : Three Colours I Know in This World, est une citation de la première ligne de l’hymne communiste roumain. Transposée dans le langage photographique, cette ligne aide à comprendre mes motivations artistiques et personnelles. Je n’ai pas choisi le sujet, j’ai juste tenté de clarifier ce que je recherchais au-delà des images. J’ai commencé à jouer avec mes images ; je les laisse me diriger. Il s’agit d’une histoire personnelle, puisque le communisme a créé un gouffre énorme entre la génération de mes parents et la mienne. Ils ont vécu le communisme et fait l’expérience d’un changement de régime, ce qui n’est pas notre cas. Par conséquent, ils savent des choses que nous ne savons pas. Ce récit dont je ne fais pas partie, mais dont j’ai toujours entendu parler, a engendré des traumatismes chez mes parents, dont j’ai hérité – ces traumatismes provoquent chez moi des visions et des sensations physiques. J’aimerais parvenir à être plus près de mes parents. La voix de Ceausescu, les peurs, les désirs et les secrets, la paranoïa étaient distillés dans les vies privées sous les yeux démoniaques de la Securitate. Le secret le mieux gardé de mes parents était leur croyance, leur langue, et leur âme.

Je m’appelle Kincső Bede. Je vis et j’étudie à Budapest, mais je suis né à Covasna, une petite ville en Roumanie. J’ai vingt-cinq ans. Ma tension artérielle est basse. J’adore ma solitude et je voudrais célébrer les belles choses de la vie. Trois artistes qui m’inspirent beaucoup : Pier Paolo Pasonili, Francis Bacon et Roger Ballen. Quelques évènements importants à venir cette année : la bourse de photographie 2020 de l’Association des Photographes hongrois ; ma sélection au Bredaphoto Festival 2020 ; ma nomination au concours international « Blurring the Lines 2020 ».

MATTHIEU CROIZIER

Monstres fictifs, freak shows et hystérie du XIXè siècle ont tous ont un point commun : c’est l’image qui crée le monstre. Pour l’hystérie, on présente en preuve des images mises en scène, pourtant celles-ci ne viennent pas illustrer un concept existant : elles le créent. Grâce à l’hypnose, on déclenche des crises sur commande, pour le spectacle. Dans les freaks shows, la mise en scène est primordiale, on invente des histoires incroyables, on retouche les images, on ajoute des poils, on fait poser les nains sur des chaises immenses et les géants sur des chaises minuscules. Il faut que ce soit spectaculaire : on exhibe l’anormal en l’exacerbant, pour la curiosité des spectateurs et, par opposition, pour renforcer le normal.

Matthieu Croizier est né en 1994 à Genève. Il a passé un CFC de photographe au CEPV (Centre d’enseignement professionnel de Vevey) puis est entré à l’ECAL (Ecole cantonale d’art de Lausanne) où il termine actuellement son Bachelor.

Pour plus d’informations : https://matthieucroizier.ch/

ROSIE DALE

Depuis un an, Rosie Dale travaille sur sa série Ad Astra. Il s’agit d’une exploration photographique autour du traitement de la grossesse au sein de l’armée, à la croisée de l’expérience personnelle de sa mère avec l’avortement, lorsque cette dernière était dans la Royal Air Force.

Rosie est une artiste basée au sud-ouest de l’Angleterre. Ses travaux résultent de son désir de mieux comprendre le monde autour d’elle. Pour Rosie, la photographie est un outil intuitif grâce auquel elle apprend, souvent en explorant les relations qu’elle entretient avec les personnes qui l’entourent et sa perception d’elle-même, en s’inspirant également de la nature.

Pour plus d’informations : https://rosiedale.co.uk/

VICTOIRE INCHAUSPÉ & EMMA PASSERA

Notre projet Z.I des Dunes est constitué de plusieurs travaux : OBJETS PERDUS, CABANE, PASSAGE et HABITAT. Nous avons décidé de transposer en sculpture une des photographies d’Emma prise lors du démantèlement de la Jungle de Calais (une cabane d’un réfugié brûlée) qui a donné lieu à l’installation CABANE réalisée en bois, acier et cendres. Nous sommes retournées à Calais en 2019, pour faire un état des lieux des dernières preuves qu’un bidonville de 10 000 habitants avait eu lieu à cet endroit, ce qui a donné lieu à la série photos OBJETS PERDUS. Pour la photographie PASSAGE nous avons coupé un morceau de barbelé à la frontière entre la France et l’Angleterre à l’aide d’une pince monseigneur que nous avons choisi d’abandonner là-bas, cet objet est très utilisé par les réfugiés pour casser les cadenas des camions afin de trouver une cachette parmi les marchandises commerciales transportées au Royaume-Uni. Enfin, nous avons reconstitué un habitat précaire sur un terrain vague en île de France. Nous avons fait brûler les éléments qui nous ont servi à reconstituer la cabane (des journaux dans la malle pour récupérer la cendre, des chaises et du bois) puis nous avons photographié la scène à la chambre.

Victoire à travers ses travaux, cherche à matérialiser le paradoxe d’un foyer peu accueillant ; ils explorent la différence essentielle entre une maison et un chez-soi. Le travail d’Emma est principalement réalisé à la chambre, ses photographies sont souvent le rendu d’une action sur le paysage dans l’intention que celles-ci puissent servir collectivement. Nos recherches et nos différentes techniques se sont parfaitement rejoints en 2018, lors d’une discussion autour de nos travaux. Le début de cette collaboration part avant tout d’une amitié et de deux recherches artistiques qui se complètent.

Emma Passera a 23 ans, elle étudie en double cursus à l’ENSBA et L’ENSAD. Elle est spécialisée en photographie et a fait partie de l’atelier de M.Pataut/P.Faigenbaum et P.Tosani. En 2016, elle assiste au démantèlement de la Jungle de Calais et réalise un reportage photographique. Elle créée le Projet Hérodote, un atelier qui aide les artistes exilés à reprendre leurs études artistiques, elle y rencontre le reporter Ali Arkady avec qui elle collabore régulièrement. Victoire Inchauspé fait partie du projet Hérodote, a 22 ans, et étudie à l’ENSBA, elle intègre l’atelier d’E.Saulnier puis de PM.Tayou. Elle est spécialisée en volume et depuis leur collaboration également en photographie.

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