Les lauréats du Prix Photographie & Sciences exposés à Stimultania

Jusqu’au 17 septembre, les travaux de Richard Pak et Marion Lanjouère, les deux premiers lauréats du Prix Photographie & Sciences (dont Philippe Guionie est le Délégué Général) sont exposés à Stimultania, le pôle de photographie à Strasbourg.

Topside #1387_01, série L’île naufragée © Richard Pak / PRIX Photographie & Sciences 2021

L’ÎLE NAUFRAGÉE
Nauru, en Océanie, est passé en moins de vingt ans du pays le plus riche à l’un des plus pauvres au monde. L’histoire de la plus petite république du globe ressemble à s’y méprendre à une fiction littéraire dans laquelle lie des grandeurs et cupidité auraient transformé une île paradisiaque en un désastre écologique, économique et social.
Le Prix Photographie & Sciences a permis à Richard Pak d’approfondir, avec l’aide du laboratoire CIRIMAT (CNRS, Toulouse), un procédé chimique expérimental qu’il avait mis au point, consistant à soumettre les négatifs photographiques à une solution d’acide phosphorique. À l’image de l’île, ces originaux ainsi « sacrifiés » dans le phosphate en ressortent irrémédiablement transformés et appauvris. Le rendu esthétique nous emporte vers la (science) fiction ou la fable mythologique.
Les personnages de L’île naufragée, des princes et des princesses, des haltérophiles et des reines de beautés, sont accompagnés par un ballet de balayeuses qui peinent à chasser la poussière de phosphate de la surface de l’île. Des carcasses de voitures rouillées et des stations service
abandonnées défilent en boucle tout au long de l’unique route circulaire du pays, comme les icônes oxydées d’une société court termiste.
L’artiste a également sollicité une géographe et un spécialiste des relations internationales à qui il a demandé si Nauru pouvait être vue comme une allégorie de la planète entière ou si le cas était trop particulier. L’exposition à Stimultania révélera leurs réponses respectives.
L’île naufragée a également reçu le soutien financier du Cnap (Soutien à la photographie documentaire contemporaine, 2020) et de La Fondation des Artistes (Aide à la production d’oeuvres d’art, 2020).

Asterionellopsis glacialis © Manon Lanjouère / PRIX Photographie & Sciences 2022

LES PARTICULES
Les particules se propose de rentrer dans la couche immobile des eaux, de lever le linceul sur les peuples invisibles et de plonger le spectateur dans un abîme de réflexion.
Que cela soit à bord de la goélette scientifique Tara ou à la station biologique de Roscoff, Manon Lanjouère a pu découvrir les organismes microscopiques peuplant l’océan. Au travers de ses discussions avec les scientifiques et l’exploration visuelle – via des technologies telles que la microscopie optique, la microscopie électronique à balayage et/ou la microscopie 3D à fluorescence ainsi que l’accumulation d’images de référence qu’elle a collectées en bibliothèque – l’artiste a appris la composition du phytoplancton (ADN, chlorophylle, etc.) et son importance dans l’organisation de notre écosystème. Macro et microalgues, étudiées à la Station biologique de Roscoff, sont en effet à l’origine de 40%de l’absorption du dioxyde de carbone et de plus de 60%
de la production d’oxygène, un bilan phénoménal et glaçant compte tenu de leur vulnérabilité face aux micro plastiques.
Manon Lanjouère invente ici la composition du monde de demain : les matériaux plastiques, récupérés sur les plages ou dans les poubelles, deviennent la nouvelle forme représentative des microbiomes et planctons. L’emiliania huxleyi devient une agglomération de passoires de douche, le guinardia striata un simple élastique à cheveux, le licmophora un ensemble d’agitateurs de boissons…
S’inspirant de l’herbier British Algae d’Anna Atkins, ou encore des sublimes planches d’Ernst Haeckel, ses productions ne sont qu’une tension dialectique entre le sublime et le dérisoire d’une nature abîmée par la main de l’homme. Oscillant entre une posture scientifique, documentaire et plastique, Manon Lanjouère utilise le procédé du cyanotype sur verre et y ajoute de la peinture fluorescente pour rappeler la bioluminescence de certaines espèces de planctons. Le visiteur tombe en plein délire psychédélique : les pièces, colorées à la lumière blanche, s’illuminent au passage de la lumière noire.

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Infos pratiques
Prix Photographie & Sciences
Manon Lanjouère et Richard Pak
Exposition du 28 avril au 17 septembre 2023
Stimultania
33 Rue Kageneck
67000 Strasbourg
https://www.stimultania.org/

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