Restitution du programme du second Mentorat Les Filles de la Photo

Dans le cadre de la manifestation PhotoSaintGermain, l’association Les Filles de la Photo présente au public la restitution du second programme de mentorat. Un an durant, cinq femmes photographes ont été accompagnées par des marraines issues du monde de la photographie autour d’un projet personnel. Chacun a pu être réalisé dans le cadre d’un soutien sororal. Du 2 au 18 novembre, les cinq photographes – Sarah Braeck, Anaïs Oudart, Orianne Ciantar Olive, Celeste Leeuwenburg et Pauline Rousseau – exposent à la Galerie des femmes, à Paris.

Issues d’univers très différents, les lauréates témoignent, chacune avec leur propre langage visuel, des questionnements qui traversent une génération aux prises avec l’évolution rapide du monde et l’instabilité des frontières comme des vies personnelles. L’écologie, la guerre, l’identité, la mémoire, les violences faites aux femmes mais aussi la résilience et le pouvoir des mots apparaissent en toiles de fonds d’oeuvres mêlant techniques et médiums hybrides très variés.

Les courants de lumière
Sarah Braeck

© Sarah Braeck

Le projet Les courants de lumière est un conte biologique illustrant ce phénomène naturel. Sarah Braeck collecte, auprès de chercheurs, des archives photographiques sur lesquelles elle intervient en couches de gestes : plongée des tirages dans l’eau, rehaussés à l’encre, aplats de matières réfléchissantes pour révéler le carbone dans les courants de l’air et de l’eau, re-prises de vue au flash. L’ensemble du corpus se construit par strates, de la surface vers les profondeurs, pour suivre cette descente du carbone. Une galerie de portraits d’algues brunes dévoile la diversité des espèces à travers le monde. L’esthétique picturale des images fait écho à cette magie aquatique et au rôle extraordinaire que les algues jouent dans la régulation du carbone dans l’atmosphère.

Marraines
Valérie Cazin – Fondatrice & Directrice – Galerie Binome
Marie Moulin – Acheteuse d’art Freelance – Photo & film

Perles d’Ukraine
Anaïs Oudart

© Anaïs Oudart

Le troisième volet, Perles d’Ukraine, porte sur les abus et violences sur des femmes depuis le début de l’invasion russe, le 24 février 2022. Près de 8 millions d’Ukrainiens se sont exilés et parmi eux, 90% sont des femmes et des enfants. Des membres du réseau SEMA repèrent et apportent leur soutien à des victimes de violences sexuelles commises par les soldats russes et constatent des tortures psychologiques et physiques, telles que des dents cassées ou des décharges électriques dans les parties génitales. Des mères de famille comme des enfants témoignent avoir été violés, séquestrés, abusés, torturés et humiliés. Peu de femmes dénoncent encore ces crimes par peur des représailles ou parce que la survie et la sécurité des enfants sont la priorité. Les exilées ukrainiennes réfugiées à l’étranger se retrouvent parfois à la merci de ceux qui les hébergent ou leur viennent en aide. Beaucoup se disent prêts à accueillir « gratuitement » une Ukrainienne célibataire en détresse. Certains vont même jusqu’à préciser l’âge ou la couleur de la chevelure désirée. Une forme de prostitution qui ne dit pas son nom. Les visages des femmes présentées ici ont été volontairement dissimulés ou effacés afin de protéger leur vie privée et leur sécurité.

Marraines
Adélaïde Samani – Responsable de la production – Konbini
Léonor Matet – Iconographe et responsable des partenariats – Polka Magazine

Les ruines circulaires
Orianne Ciantar Olive

© Orianne Ciantar Olive

Nourri des écrits issus de la philosophie, de la littérature et de la poésie – en particulier de l’oeuvre d’Etel Adnan, de Jorge Luis Borges et de Mahmoud Darwich – le projet Les Ruines circulaires a pour ancrage le territoire du Sud-Liban, nommé ici Nabil, exemple emblématique et empirique du recommencement perpétuel des événements, notamment de la violence, des occupations, des exils forcés et d’un impossible accès à la paix. À la manière d’un essai photographique, Orianne Ciantar Olive remonte le fil du désastre jusqu’à son origine, jusqu’aux murs, en se soumettant aux lois de la politique, du hasard et des accidents poétiques.

Marraines
Agathe Kalfas – Directrice artistique & Consultante photo – AK Whispers
Erika Negrel – Directrice, réseau Diagonal

Ella Baila
Celeste Leeuwenburg

© Celeste Leeuwenburg

Pour le projet Ella Baila, Celeste Leeuwenburg part sur les traces de Marcia Moretto, danseuse mythique underground née en Argentine, réfugiée en France en 1973 pour fuir la dictature argentine, et morte à Paris à l’âge de 36 ans. Danseuse, mannequin, chorégraphe et metteuse en scène, c’est la Marcia que la plupart connaissent sans vraiment la connaître, celle dont on crie le nom sur les pistes de danse grâce à Catherine Ringer, qui fut son élève. Mais rares sont les enregistrements de son image et surtout de sa danse. Face à cette absence de représentation, Celeste Leeuwenburg a collecté de nombreux documents et interrogé les témoins de ses performances, puis a conçu une installation qui se déploiera en trois volets : le premier réunira les archives collectées. Le second présentera les portraits des porteurs de mémoire et leurs témoignages retranscrits par écrit. La troisième partie sera constituée de projections vidéo dans lesquelles des danseurs interpréteront les archives, paroles et témoignages recueillis. La restitution présentée ici constitue un « work in progress » de ce projet pluridisciplinaire en cours de réalisation.

Marraines
Virginie Chardin – Commissaire d’exposition, autrice, historienne de la photographie
Laurence Tordjman – Agent et fondatrice de l’agence LT2

Homonyma
Pauline Rousseau

© Pauline Rousseau

Archivant et accumulant pendant des années, avec une rigueur quasi-obsessionnelle, les informations qu’elle trouve sur les Pauline Rousseau, ces autres elle-même qui mènent des vies parallèles à la sienne, elle découvre à cette occasion une Pauline Rousseau morte dans l’oubli au XIXème siècle. Au bout d’un moment ces données indirectes ne lui suffisent plus. Il lui apparaît comme une évidence qu’elle doit rencontrer ses homonymes, d’abord individuellement puis collectivement. C’est une véritable quête de soi à travers l’autre qu’elle effectue à travers Homonyma. Elle y interroge l’Histoire et la manière dont elle efface les femmes, mais aussi l’intime, le nom, l’identité, la magie, la sororité. Ce projet compte plusieurs chapitres et se déploie sous différentes formes : vidéos, photographies, textes, sons et installations. Il a donné lieu à des performances au Théâtre Antique d’Arles en 2022, à la Philharmonie de Paris ainsi qu’au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en 2023. L’’installation inédite présentée ici est un Femmage rendu par les Pauline Rousseau à Pauline Rousseau.

Marraines
Aurélia Marcadier – Directrice de PhotoSaintGermain
Isabelle Mocq / Thelma Fremont – Achat d’art & producer – BETC

Informations pratiques
Les Expérimentales #2
Du 2 au 18 novembre 2023
Espace des Femmes
35, rue Jacob
75006 Paris
https://www.lesfillesdelaphoto.com/fr/nos-actions/mentorat-1009/

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